NOUVEAU ROMAN

En trois épisodes et une expertise savante


Le tableau photographique donne à voir une série d’objets. Il autorise donc une interrogation. Chaque objet, seul ou en série, livre une histoire, un récit, un vrai roman familial qui nous est offert en trois épisodes.

1. épisode : le roman premier de la mère
La plupart des objets sont confectionnés ou peints ou bricolés par la mère qui est couturière et modiste de formation. D’autres sont des cadeaux. D’autres encore sont des personnages : la jeune fille peinte qui est la mère, son mariage avec son mari en tenue militaire d’officier, une photographie de la grand-mère. L’ensemble forme un autoportrait de la mère, émigré du Tessin à Zürich. Dans la maison familiale ces objets sont disposés de façon dictatoriale par la mère et intouchables par les enfants.

2. épisode : la mort de la mère et le partage entre les trois sœurs
Deux sœurs choisissent quelques souvenirs, et beaucoup sont jetés. Dans le reste, Primula sélectionne 60 objets qu’elle ramène de Zürich dans son atelier à Fribourg. Ce sont des pièces bricolées, des fleurs artificielles et les objets les plus important de sa mère : son portrait peint, son mariage, une photographie de la grand-mère et une boite, sorte de petite pharmacie domestique avec les médicaments jugés nécessaires pour la famille.

3. épisode : le nouveau roman
Sur le tableau photographique, la photographe dispose ces objets selon un ordre qui constitue une histoire à déchiffrer mais qui demeure pour nous énigmatique comme tout grand roman. Trois générations de femmes sont représentées.

Épilogue
Une historienne d’art fait remarquer que le tableau final représente un triptyque, rappelant des retables photographiés autrefois par Primula. Au centre les « saints patrons ». A gauche une série de jouets de type carnavalesque. A droite une séquence avec des artistes peint par la mère selon des images parues dans le « Blick ». La série complète est jalonné de cierges peints. Cette interprétation ajoute à l’énigme du nouveau roman que chaque visiteur est invité à découvrir.


Text: Bernard Crettaz, ancienne conservateur au Musée d’ethnographie de Genève

using allyou.net